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La parole
« Si le hadith est authentique,
il s'agit de mon Madhhab »

par Sh. Gibril F. Haddad

L'une des paroles les moins bien comprises de l'imām al-Shafi'ī est sa célèbre phrase : « Lorsque l'authenticité d'un hadith est établie, c'est mon madhhab » Les Savants de l'Ecole ont expliqué, contrairement à l'approche des « salafis », que ce principe s'adresse aux juristes capables de distinguer les hadiths abrogeants et authentiques des hadiths abrogés et faibles ainsi que de dériver les règles en rassemblant les preuves d'après les principes de la Loi et ceux de la langue Arabe. [1] Al-Nawawī a dit :

Ce qu'a dit l'imām al-Shafi'ī ne signifie pas que quiconque voit un hadith sahih doive dire « C'est le madhhab d'al-Shafi'ī ! » , en appliquant simplement le sens littéral ou la signification apparente de cette parole. Ce qu'il a dit s'applique très certainement uniquement aux personnes qui ont le rang de l'ijtihād dans le madhhab. Et ceci à condition que la personne soit fermement convaincue que l'imām al-Shafi'ī n'avait pas connaissance soit de l'existence du hadith, soit de son authenticité. Et cela n'est possible qu'après avoir recherché dans tous les livres d'al-Shafi'ī et d'autres ouvrages similaires de ses compagnons, ceux qui ont pris de lui leur science et les autres personnes semblables. C'est bien sûr une condition difficile à remplir. Peu sont ceux en qui nous retrouvons ses compétences à notre époque. [2]

Ce que nous avons expliqué comportait des conditions car l'Imām al Shafi'ī a cessé d'agir selon le sens apparent de nombreux hadiths, qu'il considérait [authentiques] et connaissait. Cependant, il a établi des règles pour critiquer les hadiths ou leur abrogation ou leur circonstance spécifique ou leur interprétation et ainsi de suite. Shaykh Abu ‘Amr [Ibn al Salāh] a dit : « Il n'est pas évident d'agir selon le sens apparent de la parole d'al-Shafi'ī. Car il n'est pas permis à tout juriste (faqih) – et encore moi à l'homme du commun (‘āmmi) – d'agir indépendamment selon ce qu'il prend comme preuve provenant d'un hadīth… Ainsi, quiconque parmi les Shafi'ites trouve un hadith qui contredit son Ecole doit examiner s'il est absolument accompli [en terme de compétence] dans toutes les disciplines de l'ijtihād, ou sur ce sujet en particulier, ou des questions spécifiques. [Si c'est le cas] alors il est en droit de l'appliquer de façon indépendante. Dans le cas contraire, s'il trouve qu'aller à l'encontre du hadīth lui pèse – après avoir recherché et n'avoir trouvé aucune justification pour le faire – alors il devrait l'appliquer si un autre Imām indépendant (mujtahid) qu'al-Shafi'ī l'a appliqué. C'est une bonne raison pour lui de quitter l'avis (madhhab) de son Imām dans un tel cas. [3]

[1] Voir, en particulier, Ma‘nā Qawl al-Imām al-Muttalibī Idhā Sahha al-Hadīthu Fahuwa Madhhabī par le Shaykh al-Islām Taqī al-Dīn al-Subkī; Adab al-Muftī wa al-Mustaftī de Ibn al-Salāh; et le premier volume d' al-Majmu‘ d'al-Nawawī.

[2] I.e. à l'époque d'al-Nawawī, a fortiori de nos jours. Parmi ceux qui ont vécu au siècle d'al-Nawawī's figuraient al-Fakhr al-Rāzī, Ibn al-Salāh, al-Mundhirī, Ibn ‘Abd al-Salām, al-Qurtubī, Ibn al-Munayyir, Ibn al-Qattān, al- Diyā' al-Maqdisī, Ibn Qudāma, et Ibn Daqīq al-‘īd !

[3] Al-Nawawī, al-Majmu‘ Sharh al-Muhadhdhab (1:64), citant Ibn al-Salāh's Fatāwā wa Masā'il (1:54, 1:58-59). Cf. al-Tahānawī, I‘lā' al-Sunan (2:290-291).


traduit par Aly Sall

< Ce texte est en anglais aussi. >







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latest update: Wed, 7 Jan 2009

2005-05-29

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